Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CONTACT

(cliquez sur la photo)


 

6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:07

- Demain c'est la rentrée des classes, je compte sur vous pour bien démarrer cette nouvelle année ! annonça Michel Leroy, notre nouveau principal fraîchement débarqué.

Je détaillais ce nouveau venu, c'est vrai qu'il se démarquait des autres... Ah oui, les autres, parlons -en , tous des frustrés de la pire espèce ! La plupart d'entre eux sont en fin de course et le collège Jean Philippe Rameau n'est plus qu'une passerelle à leur future retraite. Qu'on se le dise, il faut du sang nouveau.

Ah j'oubliais de me présenter, je m'appelle Clara Arthus et je suis professeur de français, cela fait bientôt 3 ans que j'enseigne dans ce collège et croyez moi j'ai déjà tout vu et tout entendu ! Blasée oui ! Pas par les élèves heureusement, non c'est plutôt la cohabitation forcée avec l' équipe pédagogique.

Tâchons de positiver, une année nouvelle se profile ... C'est à l'aube de cette pré-rentrée que tout a commencé, enfin je devrais plutôt dire que tout a basculé !

Virginie, ma copine, vint s'asseoir à côté de moi :

- " Il est comment ton emploi du temps, cette année ? Le mien c'est une horreur, à croire qu'on veut me démotiver définitivement ! Au fait tu as vu Franck ? Je ne crois pas qu'il était là...Le pauvre, avec ce qui lui est arrivé aussi ... 

- C'est à dire ?

- Ne me dis pas que tu n'es pas au courant ? Tout le monde en parle !

- C'est exactement le cas , alors maintenant tu me racontes oui ou non ?

- Voilà , 2 jours avant la réunion de pré-rentrée la femme de Franck a reçu une lettre anonyme . Il y avait d'écrit " tu seras la prochaine " et les lettres étaient rouges. Evidemment ils ont paniqué et ont été voir la police. Les lettres en fait étaient du sang, et la police essaye de déterminer le groupe sanguin mais sans succès. Depuis je n'ai plus de nouvelles ...

- Tu parles d'une histoire ! Pauvre Franck, dans quel état il doit être ! On file chez lui dès la fin de la réunion, OK ?

- Finie la prof, voici la détective ! Je te suis !

- Mle Arthus, vous auriez un moment ? me demanda Mr Leroy, mon vénéré employeur.

J'ai longuement hésité avant de lui répondre par l'affirmative, en même temps je n' avais pas vraiment le choix ! Sa réputation de don juan notoire l'ayant précédé, je restais néanmoins sur mes gardes, fais gaffe ma petite, vraisemblablement elles tombent toutes, sois forte, ne cède pas à la tentation.

- Beau gosse quand même le chef, me dis je .

- A votre disposition, sussurai je béatement .

- Voilà, je voulais m'entretenir avec vous assez rapidement. Il se trouve que j'aimerais former une troupe de théâtre amateur et j'ai pensé à vous pour l'organiser, qu'est ce que vous en pensez ? Vous seriez disponible ?

J'ai d'abord cru à une plaisanterie, travailler ! travailler ! comme si j'avais le temps, hélas il n'en était rien !

Pourquoi moi ? Toujours moi , encore moi ...

Sur ces mots d'une réelle intensité dramatique je me préparais à lui répondre quand il rajouta

- Je ne vous cacherai pas que j'avais tout d'abord pensé à Franck pour le " rôle " mais je le sens quelque peu distant ces derniers jours, de plus je n'arrive pas à le joindre, vous avez des nouvelles ?

- Non justement et je comptais lui rendre visite , écoutez pour le théâtre on en reparle plus tard, d'accord ? La rentrée est là et je dois y réfléchir, je reviens vers vous très vite.

Virginie, ma soi-disant copine gloussait à côté, elle avait tout suivi de notre conversation, et elle ne perdait rien pour attendre

- Alors ce rendez vous c'est pour quand ? minauda t'elle

- Je n'ai ni le ton, ni l'envie de plaisanter, on file chez Franck , je commence à m'inquiéter !

Un frisson me parcourut alors, c'était indéfinissable.

Frivole je suis, frivole je resterai.

Je suis folle d'inquiétude pour Franck mais en même temps je pense à un certain directeur d'établissement ...Il est loin de me laisser de marbre ce Michel Leroy. Et sincèrement la réciproque est là, j'en suis sûre.

La sonnerie de mon portable me sortit de ma douce rêverie.

- Clara, Mr Leroy, je vous dérange ?

- Je suis en voiture et j'approche de chez Franck, c'est important ?

- Oui et non, on se verra plus tard, à très bientôt j'espère !

Est ce que j'avais raison ou est ce que je n'avais pas tort ?

En attendant de le revoir incessamment sous peu, ma voiture s'engageait dans l'allée de Franck. Il vint nous ouvrir, la mine défaite avec une barbe déjà bien engagée.

- Bonjour les filles, je vous préviens, ce n'est pas la grande forme !

- Tu l'as dit Francky, tu nous laisses entrer et on va te préparer un café, après ça tu nous racontes tout.

- Je n'ai pas le choix, on dirait, ok, de toute façon il faut que je parle sinon je vais craquer

- On est là, essaye de te détendre, qu'est ce qui t'arrive ?

- C'est ma femme Elisabeth, elle a disparu ! Hier soir elle est partie à son club de hand ball et elle n'est pas revenue, son portable ne répond pas, je suis fou d'inquiétude !

- Tu es en train de nous dire qu'elle a tout simplement découché sans te prévenir. Ca ne lui ressemble pas, c'est vrai mais elle doit être chez une copine de sport. Elles ont fait la fête après l'entraînement , elles étaient un peu pompettes et ta femme a préféré rester dormir là -bas, c'est une éventualité envisageable, non ?

- Tu crois quoi ? que je t'ai attendu pour appeler toutes ses copines, son entraîneur, le gardien du gymnase ? J'hésite encore à appeler les hôpitaux mais je vais devoir le faire. J'aimerais que vous restiez avec moi si c'est possible, je suis épuisé physiquement et moralement et j'ai vraiment besoin de votre soutien

- Tu peux bien entendu compter sur nous, on va même t'aider, as tu pensé à contacter les flics ? tu as reçu d'autres lettres anonymes depuis au fait ?

- Non, j'attends d'avoir contacté les hôpitaux et après je téléphone à l'inspecteur Denis Garcedont. Il s'est occupé de nous après la lettre et il a pris à coeur notre affaire. Je l'ai même senti anormalement préoccupé, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs . Sur le moment je n'ai pas fait vraiment attention mais maintenant que je passe en revue notre entretien, il m'a paru plus qu'inquiet, presque fébrile

- A quoi penses tu exactement ? Tu  me sembles bien trop bouleversé pour analyser clairement ce qui s'est passé !

- Je ne sais pas vraiment mais je le soupçonne de ne pas être tout à fait clair sur notre affaire, comme s'il me cachait quelque chose. Je le sens tortueux, c'est tout, ça ne s'explique pas, c'est comme ça !

- On veut bien te croire même si sincèrement tu n'es pas en état de juger vraiment quoi que ce soit ni surtout qui que ce soit.

Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:06

Note de l'auteur : il ne s'agit pas vraiment d'une nouvelle, plutôt d'une saynète qui pourrait servir d'incipit à un roman.

L'Élu fonce droit devant lui dans la forêt moussue et brumeuse. Il zigzague dangereusement entre des fossés garnis de pals acérés, puis fait un salto aérien et incohérent sous le nez d'un zombie, comme si c'était sa façon personnelle de lui dire bonjour. Au terme de ce mouvement il vient percuter un monstre errant sans même paraître s'en rendre compte, ni daigner esquisser un moulinet de son glaive lumineux. Plusieurs dizaines de secondes plus tard, il semble enfin comprendre l'utilité de cette prothèse pointue, qu'il abat rageusement contre un sapin – heureusement protégé par un mystérieux enchantement : le choc n'a émis aucun bruit et l'écorce de l'innocent conifère n'est pas du tout endommagée. Reprenant sa course décidée, l'Élu passe à côté d'une gemme étincelante et grosse comme sa tête – oubliée là par on ne sait qui – car il est, semble-t-il, trop pressé de se jeter dans un bourbier putride où il se noie instantanément. Aussitôt ressuscité, d'abord un peu clignotant, il s'élance à nouveau, au point d'atteindre l'endroit d'où il est parti, limite métaphysique s'il en est. Ne pouvant reculer plus loin, il continue pourtant à courir et parfois à sauter, sur place, sans pouvoir grignoter un millimètre de terrain. L'Élu s'est affranchi de la mission qu'a programmée pour lui son créateur, il gambade allègrement, grisé par la découverte de sa joyeuse nullité – mais que va-t-il faire, après ?

La performance de ce héros qui se fout de tout a d'abord surpris le spectateur, qui s'est approché de l'écran, avant que son regard ne se reporte, logiquement, sur le joueur accroché au pad : c'est un enfant, beaucoup trop jeune pour comprendre le principe de cette quête – où sont ses parents d'ailleurs ? Le temps de chercher ceux-ci des yeux, l'enfant n'est plus là : il a déjà laissé tomber la console et disparu au bout de la travée du magasin.

Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:05
"Tri sélectif" est une courte nouvelle, partie intégrante d'un projet dont le titre sera "La veuve noire".

Tri sélectif

J’ai toujours été attentive à mon environnement. C’est une discipline de vie que je me suis imposée il y a de nombreuses années. Il en va de mon espace vital.
J’ai rapidement maîtrisé les gestes pour mon grand bien. Tout est dans la méthode et croyez moi, on ne peut faire plus simple.
Avant toute chose, j’ai distingué ce qui était bon de ce qui ne l’était pas. Pour ce faire, j’ai fait le classement suivant :
- Ce qui était bon pour moi
- Ce qui était utile pour moi
- Ce qui était nuisible
Il m’a suffit alors de répertorier ce qui m’entourait et de noter en fonction de ces critères. Cela ne m’a pas été difficile. J’ai des idées bien arrêtées sur la question. Parfois le doute s’installait pour le choix de telle ou telle option, mais en général je n’ai éprouvé aucune peine à classifier. Une fois ce travail terminé, j’ai dans un premier temps, revu de plus près l’aspect utile. L’utile ne devant pas être nuisible. J’ai tout simplement écarté de cette catégorie tout ce qui pouvait être nocif. Vous ne pouvez pas vous imaginer tout ce que l’on peut garder. Bien entendu, les notions de bon et d’utile étant subjectives, je comprendrai que vos choix puissent différer des miens.
Vous voyez, cela n’est pas bien compliqué. Il suffit de garder par devers soi ce qui est bon et utile. Le reste, on le jette, mais proprement.
J’en viens donc à l’élimination du nuisible, car bien sûr, tout ce qui représente un danger pour notre environnement doit être écarté et définitivement. Aussi, contrairement à certains, je ne donne pas de seconde chance. Je ne suis pas adepte du recyclage. Mais, fidèle à mes principes, je me débarrasse des encombrants sans laisser de traces. Je ne le cache pas, mes débuts ont été tâtonnants J’étais novice en la matière et par conséquent j’ai dû m’accoutumer aux différentes techniques. Dans un premier temps, il a fallu que je m’équipe. Le matériel nécessaire à ce travail doit être de qualité et robuste. Je me suis donc tournée vers des fournisseurs dont les produits sont réputés pour leur efficacité. Certes, ce fut un coût mais le bien-être n’a pas de valeur. De plus, les notices explicatives étaient d’une grande clarté et pour une néophyte c’était appréciable ! J’ai fait plusieurs essais avant de manipuler avec aisance. Paradoxalement, le broyeur, appareil le plus coûteux et le plus volumineux, était de loin le plus aisé à manipuler. J’adorais appuyer sur le START et entendre le ronronnement de la machine. J’étais alors emplie d’un sentiment de satisfaction quasi jouissive. J’ai eu en revanche pendant un bon moment une certaine répugnance à utiliser la tronçonneuse. Elle était d’une grande utilité pour diviser les déchets de gros gabarit mais je détestais le son qu’elle émettait. Sa lame dentée telle un rictus me faisait froid dans le dos. Pour passer ce moment le plus agréablement possible, j’écoutais les Moody Blues et leur Nights in White Satin. Un rituel que je pratique encore.
Le nuisible est partout, tapi dans un coin, prêt à bondir et vous gâcher votre existence. Mais le nuisible est idiot car vaniteux. Croyez moi, il n’y a pas plus imbécile qu’un nuisible. Vous pouvez le piéger facilement. Plusieurs sont restés accrochés à ma toile pour mon plus grand bonheur.
Comme je vous l’ai dit, j’ai adopté ce mode de vie depuis de nombreuses années. Maintenant, je ne me pose plus de questions. Les choses se font naturellement. Je me sens bien, je respire, mon espace est sain, lumineux, serein. Je veux vous en faire profiter. J’ai décidé de poursuivre mon œuvre. Je ne prêcherai pas, j’agirai. Il en va de votre vie. Regardez bien autour de vous, l’humanité est infestée.
Oui un grand travail m’attend.
Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:04
12 Mars 2008

La lourde porte type « coffre-fort » s’est refermée dans un bruit sourd, lugubre.
Je suis resté debout, hébété. J’ai humé l’air vicié. J’ai regardé les murs gris. L e sol gris. Face à moi, une table en béton et sa chaise de plastique. Grises elles aussi !
Au-dessus, l’unique fenêtre a attiré mon attention.
Dehors, le ciel est …gris !!
Il pleut. Il pleut mais c’est à l’intérieur de moi que gronde l’orage. La grêle de la colère martèle mon cerveau. Je réalise alors tout la mesure de mon présent. Le froid de mon futur envahit mon cœur, mon âme, mes os. Je respire mal. Je serre les dents.
Je me décide enfin et avance d’un pas. Puis d’un autre. Je suis au centre de la pièce. Déjà !
A ma droite, rivé au sol, une forme étrange et dégoulinante de crasse. Je devine au rouleau de carton vide qui traîne au sol qu’il s’agit d’un wc. Pas d’abattement ni de lunette. Un bouton poussoir sert de chasse d’eau. Tout près, un lavabo ébréché, rivé au mur cette fois. Même état hygiénique ou presque. Même bouton poussoir.
Je reste là de longues minutes encore. Une heure peut-être. Je ne sais pas. L’odeur pestilentielle des waters me monte à la gorge.
Mon regard enfin se porte sur ma gauche. Ici, on est comme un caméléon. Pas besoin de tourner la tête pour voir le lit en béton. Gris forcément. Je me dis qu’ils ont dû avoir des promos sur la peinture, mais çà ne me fait pas sourire. Non. Je ne sourie pas. Je serre un peu plus les dents. Elles grincent. Je déglutie avec peine.
Une couverture trouée, souillée, recouvre le lit de moitié. Kaki !! Elle est kaki !! Ou a dû l’être autrefois…
Kaki !! Seule tache de couleur dans cet univers de grisaille.
Seule ? Non…
Tout au bas du mur, une inscription m’intrigue. Un pas vers elle.
Elle est rouge !
Rouge Sang.
Rouge Colère.
Rouge Haine…
Je m’accroupis pour mieux déchiffrer le graffiti.

« GO FUCK »

Cette fois, un sourire sarcastique effleure mes lèvres sèches tandis que des larmes incandescentes s’approprient mes yeux fatigués.

« Trop tard ! C’est déjà fait !! »

Je ne suis plus André Bauval.
Je suis le matricule 1463 Z
Je viens d’en prendre pour 15 ans…


_ « Qu’est-ce que tu fais ? Est-ce que ça va ? »
Julien referma prestement le petit carnet aux feuilles jaunies, à l’écriture tremblante, et le glissa dans le tiroir de son bureau.
-Oui, çà va Chérie. J’arrive dans une minute. »
Lentement, il quitta le fauteuil de cuir fauve et rejoignit le rez-de-chaussée où de nombreuses personnes, déjà, présentaient leurs condoléances, une tasse de café à la main, louant hypocritement les soi disantes qualités de son frère.
Son frère retrouvé pendu dans sa cellule le 25 octobre 2023, trois jours auparavant.





Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:03
Présentation de l'auteur : je m'apelle Louis Esparza, et
j'écris actuellement, de courtes histoires noires autour d'un thème central : un bar la nuit. J'ai un blog sur lequel je publie ces histoires, mais très peu de
visiteurs : http://petitesnouvelles.blogspot.com/
De moins en moins d'amis...

Présentation du texte : C'est le 1er de la série


Un certain sens de l’honneur.


A mon arrivée au Lucky bar, la nuit et moi étions déjà bien entamés.Toutefois je mis un point d'honneur à franchir le seuil de l'établissement sans tituber. Non par peur du patron, qui ne m'avait jamais refusé l'entrée, mais plutôt pour le cas - hypothétique - ou une jeune fille peu farouche serait séduite par mon physique avantageux.
- Salut connard, tu veux une bière ?
Il a pris mon poing dans la gueule avant d'avoir mit un point d'interrogation à sa phrase. Pas question de se laisser insulter dans un lieu public, à cette heure là. Surtout à cette heure là ! Il faudrait se pencher un jour sur ce problème crucial : Plus l'heure et la consommation d'alcool augmentent, plus le sens de l'honneur est à vif.
Honneur ou pas, j'ai pas fait de détail, et le nez de mon adversaire a explosé comme un fruit s'écrasant sur le carrelage de la cuisine un jour de maladresse. D'accord, c'était Roger mon pote, d'accord j'l'ai pas reconnu, mais on ne va pas m'accuser d'un mouvement d'humeur bien
compréhensible, non ? En tout cas, mon geste a déclenché une bagarre de légende. Je vous dis cela mais moi je n'ai rien vu, on m'a raconté.
J’avais à peine posé ma main sur la gueule de ce con de Roger, qu'un tabouret de bar - métallique ! - m'expédiait dans les nuages.
- T'es content de toi ?
C'est l'harmonieux organe de Riton le patron qui me sort de mon inconscience. Je suis assis dos au bar et couvert d'éclat de verre. Une main m'aide à me relever, celle de Roger. Putain la gueule ! Il n'a jamais été très beau mon pote, mais là c'est terrible : il est laid,
mais avec plein de couleurs rigolotes. Demain matin au guichet de la grande Poste, il va avoir du mal à caser ses produits financiers aux clients désirant des timbres. Je me redresse et constate que le bar est vide et dévasté. J'évite de regarder mes deux compagnons et me penche sur l’intéressant problème posé par la protubérance qui enfle à l’arrière de mon crâne. La douleur me taraude le cerveau. Je sais que cette douleur insistante ne m’exonère pas de celle qui vrillera mon cerveau demain à mon réveil. Il est d’ailleurs incroyable qu’un cerveau
si peu important puisse abriter tant de douleur.
- T’es content de toi ?
Riton insiste lourdement, je sens des reproches à peine voilés dans le ton de sa question. Finement je contre attaque :
-T’es obligé d’avoir des tabourets en fer ?
- Fait pas le mariole avec moi Martin, tu as vu l’état du bar ?
Je lève vivement les bras, déclenchant une gerbe de feu sous mon crâne.
- Doucement les mecs, j’ai rien cassé moi. Adresse toi plutôt à ceux qui ont fait cela.
Riton malgré son embonpoint est sur moi a une vitesse étonnante.
- Tout est de ta faute Martin, Tu as vu la gueule de Roger ?
Je ne puis réprimer un sourire et malgré sa colère je vois les yeux de
Riton s’allumer de gaieté.
- Il est con aussi ce Roger, me parler comme il l’a fait à une heure
aussi tardive c’est du suicide.
- Mon pauvre Martin, tu sera toujours une cloche, y’a pas d’espoir.
Riton s’éloigne découragé, traînant sur ses épaules fatiguées toute la misère du Monde.
J’essaye de comprendre :
- Qui a foutu ce bordel à part moi ?
- Tous les clients s’y sont mis, qu’est-ce que tu crois ? Ils n’attendaient que ça, un prétexte, une excuse, n’importe quoi pour se défouler et... pour certains, se venger de moi.
- Qui ?
- Laisse tomber c’est mes oignons.
Mais Roger ne peut pas s’empêcher de parler :
- La bande du Macumba tu parles !
Je siffle entre mes dents.
- Putain ! y’avait Rémy et ses caïds ?
- Ses caïds seulement. Et Riton du bras désigne la salle :
- Ca suffisait non ?
Je suis vraiment emmerdé et j’essaye de calmer Riton.
- Ecoute, c’est pas grave, je vais t’aider à réparer et je payerais les dégâts.
- Arrête ton cinéma Martin, tu n’as pas une tune et tu le sais bien, tu bois à crédit depuis des mois.
- Embauche moi alors.
C’est ma vieille rengaine depuis que je suis au chômage, bosser sur les pentes, dans un bar sympa. Un rêve quoi !
Riton ne daigne même pas me répondre. Il échange un regard lourd de sens avec Roger. Je ne suis pas surpris lorsqu’il déclare :
- Martin c’est terminé, je ne veux plus te voir ici. Plus jamais c’est bien compris ?
- Mais...
- Non. Tu te casses et c’est tout.
Je comprends qu’il parle sérieusement et suis saisis d’effroi : Si les bars de « Prime time » me sont encore tous ouverts, le Lucky est le dernier bar de « Deuxième partie de soirée » qui me laisse encore entrer. Que vont devenir mes nuits si Riton reste inflexible ?
Je me traîne vers la sortie, espérant par mon allure de martyr infléchir la volonté du patron. Macache, personne ne me retient et je suis au bord des larmes. J’ai l’impression de perdre ma dernière famille. Au moment de franchir le seuil, je me retourne théâtral en diable :
- Je vais tout arranger, tu vas voir.
Et je sors dignement. Après un ou deux pas j’entends la voix de Roger crier à mon adresse.
- Fais pas de conneries.
Evidemment j’en ai fait des conneries. Mais que faire d’autre ? Au stade où j’en étais, un peu plus un peu moins...
Le chagrin et la colère m’aveuglaient lorsque je suis entré au Macumba.
Ils n’étaient que deux avec Rémy et la surprise les a paralysés. Enfin je suppose que c’est la surprise, à moins que mes yeux n’aient trahi ma détermination et ma folie. Toujours est-il que je me suis farci les deux clients sans peine et sans bruits. Rémy me regardait les yeux ronds et la bouche ouverte. J’ai pris ses cheveux à pleines mains et lui ai écrasé la gueule sur le comptoir. Il y a eut des craquements du coté de sa mâchoire et je l’ai fini à coup de bouteille. J’ai foncé sur la caisse ramasser la recette de la soirée. Rémy s’est redressé alors que j’allais l’enjamber pour sortir. Grave erreur mon pote : mon pied lui a défoncé la tête. Le coup de pied c’est ma spécialité faut dire. Je suis le Platini de la baston. Là pour le coup, il n’a pas aimé la série de tirs au but mon petit Rémy. J’y suis allé de bon coeur c’est sur. Ce salaud m’avait foutu dehors de son bar il y a quelques mois pour une sombre histoire de fille, et je suis rancunier. D’accord, je n’étais pas obligé de ramasser ce couteau qui traînait, mais il n’avait qu’à mieux ranger son bar ce connard.
Je suis entré au Lucky comme un héros et j’ai jeté l’argent sur le comptoir. Riton et Roger me regardaient épouvantés et c’est la que je me suis aperçu que j’étais couvert de sang. La fatigue m’a pris d’un coup et j’ai dû m’asseoir. Comme au Macumba, aucun mot n’a été échangé, mais je vois Riton se diriger vers le téléphone. Il va appeler les flics mais
je m’en moque, j’ai remboursé ma dette et ce bar me sera toujours ouvert.
Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:02
Le livre parfait


Je suis écrivain. Vous me connaissez sûrement, j’ai eu mes heures de gloire. Oui, c’est cela, celui qui a écrit ce fameux roman policier, best seller de l’année 1984. Oui, c’est bien moi. Depuis vous dites ? Et bien, j’ai écrit quelques nouvelles, des histoires d’amour, des contes pour enfants. Mais cela n’a pas eu autant de succès que ma toute première œuvre. Vous voulez savoir comment j’ai écrit ce livre ? Mon chef d’œuvre !!! C’est bien un grand mot que vous dites là, mais cela me fait plaisir.
A cette époque, j’étais comptable pour un grand cabinet et pour oublier les chiffres, les bilans et autres tableaux financiers, le soir je tâtais un peu de la plume. J’ai toujours aimé les romans policiers aussi mon objectif était bien entendu d’en écrire un. Il me fallait du solide avec des personnages qui sonnent vrai. Il ne m’a pas été difficile de les trouver, j’ai uniquement observé mon entourage. Avant même de mettre sur papier les plans de mon intrigue, je savais qui représenterait au mieux le personnage de l’inspecteur. Mon ami d’enfance, mon meilleur ami, Pierre. Ses principales qualités étaient la patience et un esprit d’analyse très développé. Il était le personnage idéal..
Les suspects, ma foi, j’avoue y avoir attaché moins d’importance. De temps en temps, le soir après le travail j’aimais bien aller boire un verre. J’avais mes habitudes dans un petit café à quelques mètres du bureau. J’y avais fait la connaissance de Patrick, le propriétaire de la quincaillerie d’en face et de Benoît, un petit employé de banque. On buvait un coup en discutant de choses et d’autres. Patrick était en pleine séparation et vivait mal cette situation (il était très volage et son épouse l’a gentiment remercié). Quant à Benoît, son physique ingrat limitait les perspectives d’approche de la gente féminine. Je l’ai toujours soupçonné d’être un peu voyeur.
Il vous suffit de relire mon livre, tels que je les ai décrits, tels ils étaient.
J’avais mon inspecteur, mes suspects. Ma victime, je ne sais pour quelle raison, devait être une femme. Là était la difficulté car je ne fréquentais aucune femme et celles que je côtoyais au bureau ne m’inspiraient guère. Elle devait être parfaite. Je ne me facilitais pas la tâche et pendant plusieurs mois, j’ai fait des insomnies terribles accompagnées de crises d’angoisse. Cela devenait oppressant, obsessionnel. Il m’était impossible de l’imaginer. Je devais avoir du concret.
Un soir, juste avant de quitter le bureau, mon patron m’a laissé un numéro de téléphone en insistant pour que j’appelle le lendemain à la première heure pour prendre rendez-vous avec ce nouveau client.
Je me souviens encore de cette rencontre avec Lise. Jamais je n’avais vu de femme aussi belle. De suite, j’ai su que c’était elle que je cherchais. Lise serait la victime. Elle me fascinait et si dans mon livre, elle devait mourait alors il fallait que le crime soit digne d’elle. Aussi, j’ai opté pour un meurtre à l’arme blanche. Rien de barbare, au contraire, un acte esthétique. J’exultais, mon histoire prenait vie. J’ai voulu que la scène où Lise décède soit le pilier de mon œuvre. Vous avez pu remarquer que Pierre en était obsédé. D’ailleurs le titre de mon roman est « Anatomie d’un crime » et ce n’est pas sans raison.
Oui, vous avez bien saisi. Le succès de mon livre tient en effet à la façon dont j’ai traité l’intrigue, l’idée n’étant pas d’exploiter une enquête policière classique. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de résolution. Tout est axé sur l’acte criminel et la fascination grandissante de Pierre. J’ai particulièrement soigné le sujet. Je suis un perfectionniste et croyez moi n’ai rien laissé au hasard.
Vous dites ? Non je n’ai fait aucune recherche documentaire sur les meurtres, c’est beaucoup plus simple que cela. Voyons, ne me dites pas que vous ne comprenez pas ! Allons, cherchez un peu… mais si, vous devinez juste. Je vous l’ai dit, il me fallait du concret. Je n’ai aucune imagination.
Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:01
Une nouvelle inspirée d’un article lu sur le blog dont je livre ici quelques paragraphes.

Quel ennui ! Ces pages empilées, ces récits comme une tour branlante qui tous racontent  la même histoire. Il ne viendra donc jamais ce conte unique, jamais écrit, jamais songé, ce pan d’un monde que moi seul, dans ce bureau nu, aurai le privilège de lire le premier comme on découvrait jadis une terre vierge de traces humaines, le pied hésitant, la gorge nouée, la joie au ventre. Fouler de ses pieds fatigués, crevassés par le temps, un sable sculpté par le vent et des siècles de silence !
  Désir chimérique…Je le sais moi qui écume au fil de mes jours les pages noircies et les chapitres dévidés par des inconnus disséminés aux quatre coins d’ailleurs. Inconnus des deux sexes, de tous  âges et qui pourtant à travers  leurs mots se ressemblent comme deux gouttes d’eau issues du même ovocyte.
Tous semblables, façonnés dans la même matrice, issus des mêmes désirs, pétris de cette même glaise périssable et humaine, nous  multiplions en longues ribambelles de papier nos corps éphémères.
Si, au hasard de ces pages empilées, je lisais ces quelques lignes, celles-ci, celles qui viennent de s’écrire sous mes doigts, j’en vomirai c’est sûr.
Pour moi, c’est différent. Je fais semblant d’écrire. J’écris mais je n’y crois pas une seconde. Foutaise que ces mots qui s’alignent dociles et bien rangés. Tout a été dit, bien dit, mal dit mais dit tout de même. Et entre nous, l’histoire des hommes mérite-t-elle qu’on s’y attarde aussi longuement. Des heures passées sous la lampe, les jambes croisées, la respiration courte pour coucher sur le papier ce que l’on sait  tous déjà…Qu’il n’existe rien au delà de nos courtes limites…Quelle découverte ! Foutaises que tout cela, vous dis-je.
J’écris le soir quand je rentre chez moi, après le travail. On m’objectera que je devrais faire autre chose, broder ou faire du vélo car passer la journée à lire, trier, mettre au panier les petites histoires des autres est un exercice fastidieux qui devrait m’éloigner des livres et de tout ce qui ressemble à du papier.
Mais non, libéré de mes occupations professionnelles, je remets le couvert mais sur ma propre table.
Comme je l’ai déjà dit un peu plus haut, je fais semblant. Tout ce que j’écris, ne pourra être retenu contre moi. On ne m’y prendra pas à étaler mes tripes et mon sang sur du joli papier tout neuf. On s’écartèle, on répand partout sa substance, pour quoi ? Pour finir dans une corbeille à papier bourrée à ras bord, pour jaunir sur une étagère ? Le jaune ne sied pas à mon teint, qu’on se le dise !
Non merci, très peu pour moi. Je préfère l’anonymat de ma chambre, les belles pages bien propres et bien lisses,  les petites histoires inutiles. Elles ont le mérite de n’avoir aucune ambition que celle d’exister gentiment au fond d’un tiroir. Exister au fond d’un tiroir c’est exister tout de même n’est-ce pas ?
Parfois, pour faire tout à fait semblant, je retiens mes doigts qui ne font qu’effleurer les touches du clavier, les phrases coulent muettes, invisibles. Les phrases et le temps se confondent, inodores, incolores. Je ne dirai rien qui puisse m’investir d’une quelconque émotion. Pourtant j’écris ! Regardez mes doigts  qui s’agitent !
Je sais, on ne paie pas si mal pour passer mon temps à rêvasser entre les piles de manuscrits qui s’entassent. Il faut les trier, les départager sans perdre trop de temps. Mon temps est précieux, c’est ce que l’on m’a dit et lorsque l’on vous affirme cela droit dans les yeux, qui serait assez idiot pour penser le contraire ?
A gauche se trouve la pile des « bof » autrement dit des retours à l’envoyeur, au milieu le petit tas des  « pas mal ! » et à droite ma tasse à café. Généralement, je lis le premier chapitre en entier, s’il n’est pas trop long. A ce moment, j’opère une première sélection qui conduit la plupart du temps le manuscrit dans la pile de gauche, toutefois si le style et l’histoire m’accrochent, m’égratignent et que ça saigne un peu, je continue ma lecture en piquant de-ci, de là, quelques pages au hasard.
Il arrive souvent que cette lecture approfondie, c’est ainsi qu’on l’appelle, sans doute par dérision, se termine malgré tout par un aller-simple dans la pile de gauche. Cela arrive presque toujours. La pile du milieu ne compte que quelques privilégiés qui ne sont cependant pas arrivés au bout de leur chemin de croix car là-bas, dans le bureau voisin, se trouve un comité de lecture à qui on ne la fait pas……
Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 11:59
Présentation de l'auteur :
J'ai 30 ans et cela fait déja quelques années que je tente d'écrire un roman. Plusieurs fois j'ai commencé en pensant avoir une idée, une histoire intéressante à raconter mais jusqu'à présent je n'ai jamais réussi à aller au bout.
Pendant de longs mois j'ai abandonné, pensant ne jamais y arriver. Mais il y a quelques semaines, l'inspiration est revenue. Toute proportion gardée bien entendu! Donc je me suis lancé, j'ai toute cette histoire dans la tête mais vais-je réussir à la coucher sur le papier? Je ne sais pas encore.

Présentation du texte :
Il s'agit d'un roman policier ou polar ou thriller, au choix. Pour vous faire une petite idée, voila le "pitch": Un jeune français rêvant d'Amérique, s'est installé au Canada pour tout recommencer à zéro. Il vit une vie sans histoires, normale, voire banale jusqu'au jour où son passé va revenir frapper à sa porte. D'anciennes blessures qu'il pensait oubliées à jamais vont refaire surface. Il va être entraîné dans un engrenage dangereux.

Le texte :
 
Mardi 6 novembre 17 heures 25. Laura Carré, après quatre heures et quarante minutes dans les airs débarqua du vol American Airlines 1586 à Toronto. Changement radical de climat, tout l'Est du Canada était sous la neige et la température avoisinait les moins dix degrés. Laura avait l'impression de ne pas avoir dormi depuis mille ans, malgré quelques somnifères pris avant le décollage, elle n'avait pu fermer l'oeil. Comme elle s'en doutait, Vanessa ne s'était pas présentée à l'aéroport de Los Angeles la veille pour prendre le vol qui devait les ramener à Paris. L'agent Haley Davis avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider à retrouver son amie, mais sans succès. Laura aurait aimé que Haley soit avec elle ici à Toronto.
La piste de la maison de la cousine de Vanessa s'était arrêtée devant la porte close de cette dernière. Et après quelques recherches sur les ordinateurs du LAPD, il n'y avait aucun permis de conduire ni numéro de sécurité sociale délivrés en Californie aux noms de Christine et/ou Justin Rollins. Inconnus au bataillon tous les deux. Haley avait pu lancer un avis de recherche pour personne disparue et le FBI avait été averti. Mais les fédéraux lui avaient bien fait comprendre qu'ils allaient enquêter mais que des centaines de personnes, rien qu'en Californie, disparaissaient sans laisser de trace tous les ans.
En montant dans un taxi devant l'aéroport Pearson, elle se demanda pourquoi elle avait contacté Eric Lambert. Que pouvait-il faire que ne pouvait pas le LAPD ou le FBI? Mais elle était dos au mur, n'avait plus aucune solution. Et elle ne pouvait pas abandonner Vanessa comme ça. Elle avait besoin de soutien, et la seule personne qu'elle connaissait en Amérique du Nord était Eric Lambert, ancien petit amie de Vanessa et qui n'avait pas sauté de joie en entendant sa voix au téléphone. Elle pouvait le comprendre.
La circulation, malgré l'horaire, était plutôt fluide sur la 427 puis sur Dundas Street. A peine vingt minutes et le taxi la déposait au 225 Old Oak Road. Laura resta les bras balants, le regard dans le vide, en se demandant ce qu'elle faisait la pendant dix bonnes minutes, avant d'appuyer sur la sonnettes marquée Eric Lambert.
- C'est moi, Laura.
- Je t'ouvre, monte au deuxième, à droite.
Cinq minutes plus tard, Laura Carré était assise, gênée, les yeux fixés sur la moquette, sur le canapé d'Eric Lambert. Elle n'avait même pas pris la peine de retirer son manteau. Eric était debout face à elle, les mains dans les poches. Lui était plutôt d'humeur curieuse, intrigué par cette visite. Il s'était déjà posé mille questions, mais n'avait trouvé aucune réponse digne de ce nom. Il décida donc d'abréger ses tergiversations.
- Pourquoi es-tu ici? Et pourquoi autant de mystère? Je ne comprends rien, explique moi.
Eric fixait la jeune femme. Celle-ci leva un regard mouillé vers lui, des larmes ruisselaient sur ses joues.
- Laura a disparu à Los Angeles, sûrement enlevée. Je ne sais plus quoi faire, je ne connaît que toi ici. Il faut que tu m'aides...
Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 11:58
Une courte nouvelle poétique :


Avril ou le sculpteur de brume

Il sculptait  la brume du matin. A l’heure où le sol sue et s’évapore. Il n’entendait à ces moments précis que le glissement subtil de ses doigts sur les volutes humides. Des formes diluées et fantasmagoriques se dessinaient puis se délitaient aussitôt descendu le clair midi qui anéantissait tout.
 L’artiste passait tout le reste du jour à se demander comment contempler son œuvre en plein zénith. La main sur le front, penché sur sa table il songeait à sa chère aube regrettant amèrement les heures embrumées où son âme exaltée dictait à ses doigts ses intimes secrets.
De guerre lasse, il prit la fatale décision de graver sur la pierre ses fantômes de brume.
 Le premier coup porté lui éclata sauvagement les tympans et ne lui parvinrent plus que les sons mats de sa détermination.
 Le deuxième coup porté entama sa vision et il ne distingua plus jamais que les silhouettes imprécises de ses créanciers.
-Pourquoi t’obstiner lui susurra à l’oreille, la brume délaissée.
 Bien sûr il ne l’entendit pas et l’artiste maudit porta le troisième coup qui le fit disparaître en une nuée de minuscules éclats de lui-même.
 La brume, distraite un court instant par un jeune rayon solaire obstiné  qui tentait de percer sa couverture blême, oublia tout à fait l’artiste ainsi répandu.

Partager cet article
Repost0
6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 11:57
Une fois n'est pas coutume, voici un poème. S'il y a des connaisseurs, qu'ils ne se privent pas de donner leur avis.

Je m’appelle Nolwenn Bellot. Je suis une jeune normalienne de 23 ans, qui rêve d’être publiée depuis l’âge de 7 ans. Je ne cesse d’écrire depuis cette époque, qu’il s’agisse de la tenue de mon journal intime, de nouvelles, de poèmes. Je viens de me lancer dans l’écriture d’un roman sur l’adolescence et fourmille de projets. L’écriture est une nécessité vitale pour moi ; bien souvent des phrases entières me viennent à l’esprit et je dois m’empresser de les coucher sur le papier… J’ai vu la  publication de ma mini-nouvelle « Te l’ai-je assez dit », dans le magazine littéraire Muze de juin 2007, comme un encouragement à poursuivre dans la voie de l’Ecriture. Si vous le souhaitez, vous pouvez lire mes textes ainsi que ceux de mes amies sur ces deux blogs : http://plumedagrume.over-blog.com  et http://lescelibatairesveneres.over-blog.com. J’aimerais connaître votre avis concernant un poème qui a donné lieu de titre à l’un de mes blogs.
...

Par ce texte, je souhaitais exprimer le caractère ambivalent de la vie, qui peut à la fois être douce et amère.



Plume d’agrume

Je vois la vie en jaune, en vert et en orange
Des couleurs vives envers et contre tout
J'écris comme je mange, comme je vis, comme je respire
Ma plume pour instrument d'expression de mes émotions.

La plume glisse sur le papier, elle laisse des traces d'encre
Je ne veux pas lever l'ancre.

Je souhaite juste m'évader sur le papier,
Le laisser s'imprimer du jus de mes émotions,
Comme l'on presse un citron ou une orange.

Du jaune citron pour la joie de vivre, pour le soleil
Et ma conscience s'éveille
De l'orange pour mes sentiments les plus étranges
Et ma conscience en révèle le miel
Du vert citron pour l'espérance, la transe
Entre dans la danse, plume fidèle!

L'acidité des agrumes
La fluidité de la plume
Telles sont les ambivalences,
Le rance et l'essence de la vie.

Une douce acidité m'envahit
Sous mes yeux ébahis
La plume vient de tracer les traits d'un fort joli mets
Parfois insipide, bien souvent acide
La vie ne nous épargne pas
En attendant la douceur, sous le saule pleureur.
Partager cet article
Repost0