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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 15:55

Quoi de mieux pour appréhender l’insondable mystère de la création et, tant qu’on y est,  les sinueux arcanes de l’écriture, que l’analyse méticuleuse d’un grand texte de la littérature française ? (Ne vous fatiguez pas à répondre, personne ne vous écoute).
J’avais initialement pensé aux « Misérables », mais c’était un peu long, aussi me suis-je rabattu sur « Héléne », le chef-d’œuvre inégalé du plus grand poète hockeyeur canadien de tous les temps, à savoir Roch Voisine.
Commençons sans plus attendre s’il vous le voulez bien (si vous ne le voulez pas, attendez encore un peu, mettons 30 minutes. Au-delà, inutile d’insister, passez à autre chose).

 

Héléne

Le titre laisse à penser que la chanson s’adresse à une jeune personne de sexe féminin. La suite confirmera cette impression.

 

Seul sur le sable les yeux dans l'eau

Quelques mots suffisent pour planter le décor, installer une ambiance, et on visualise instantanément Roch, agenouillé sur le sable, à la recherche de ses yeux tombés dans l’eau, on ne sait à la suite de quelle malencontreuse manœuvre.

 

Mon rêve était trop beau

Quel était donc ce rêve mystérieux ? Explorer les fonds marins sans mouiller son maillot de bain en jetant ses yeux dans l’eau ? A ce stade du récit, toutes les supputations sont permises, et l’auditeur,fasciné,  se perd en conjectures.

 

L'été qui s'achève tu partiras

A cent mille lieux de moi

Roch nous remet bien vite dans le droit chemin en glissant un indice capital. Il semblerait donc que le rêve trop beau concerne très directement une personne qui selon toute probabilité, pourrait être la Hélène du titre. Difficile cependant de l’affirmer avec certitude puisqu’il utilise le tutoiement. Un moment j’ai pensé qu’il s’adressait à moi, mais ce n’est pas possible, je n’ai jamais fréquenté Roch Voisine en été. Mettons alors qu’il s’agisse bel et bien d’Hélène, sans doute une surveillante de plage ou une vendeuse de beignets à la criée qui, une fois la saison terminée, prend l’avion pour retourner dans sa maison (j’ignore précisément ce que font « 100 000 lieues », mais ça doit être drôlement loin, d’où « ’avion » et non pas « 103 Peugeot » ou « pédalo » ).

 

Comment oublier ton sourire ?

Roch a raison. On peut oublier tout un tas de choses, comme de remettre des sous dans le parcmètre, de prendre sa liste de course pourtant mise en évidence par un énorme magnet « Vache qui rit » sur la porte du frigidaire, de récupérer sa belle-mère à la sortie des WC sur un parking d’autoroute un jour de grand départ en vacances, on peut tout oublier, sauf un sourire (surtout si la personne a une feuille de salade coincé dans les incisives).

 

Et tellement de souvenirs

Pour les souvenirs, Roch fait sans doute allusions aux beignets à moitié prix, ou aux leçons de natation à l’œil dont il a pu bénéficier tout au long de la saison estivale.

 

Nos jeux dans les vagues près du quai
Je n'ai vu le temps passer

On ignore tout de la nature de ces activités ludiques, mais on peut imaginer, vu que le terrain de jeux se situe « près du quai » qu’il s’agissait principalement d’éviter les galettes de mazout qui pullulent généralement à ces endroits. On comprend dès lors qu’il n’a pas vu le temps passer, d’autant que les réjouissances devaient probablement se poursuivre avec une longue séance de décrottage en règle des doigts de pieds maculés de pétrole et autre composant chimiques hautement toxiques.

 

L'amour sur la plage désertée

Le fait que Roch précise une nouvelle fois que la plage était vide de tout touriste en short et en tongs nous conforme dans l’idée d’une récente marée noire, peu propice, comme chacun le sait, aux rassemblements estivaux. Cela prouve, par ailleurs, la force de l’amour qui unit ses deux êtres. Car il faut beaucoup s’aimer pour accepter de se rouler dans le goudron tout en faisant mine d’apprécier l’expérience.

 

Nos corps brûlés enlacés

Evidemment, cette abnégation dictée par l’amour ne va pas sans quelque dommage collatéral.

 

Comment t'aimer si tu t'en vas
Dans ton pays loin là-bas

Là, Roch pose la question essentielle, qui taraude tout amoureux digne de ce nom. Comment aimer quand l’autre est parti, au travail ou au pain, et a fortiori lorsqu’il se trouve à plus de 100.000 lieues de là ? Techniquement cela paraît difficile, même si les progrès de la technologie et des mœurs combinés apportent un début de solution : web cam hot, sex-phone, etc. Pour sa part, Roch n’apporte aucune réponse (car, rappelons-le, il est tout occupé à chercher ses yeux tombés au fond de l’eau).

 

Hélène things you do make me crazy bout you

Pourquoi Roch introduit-il soudainement dans son texte l’usage d’une langue étrangère ? Effet gratuit ? Simple fanfaronnade de l’artiste désirant faire étalage de son parfait bilinguisme ? Pas du tout, Cette pratique audacieuse a de toute évidence pour fonction de « crypter » un tant soit peu des propos sans doute jugés un peu trop polissons par leur auteur. Une traduction s’impose : « Hélène, les trucs que tu fais me rendent fou à ton endroit ». On l’aura compris, la dénommée Hélène a tout d’une sacrée gourgandine pour laquelle, on peut le supposer, le tourniquet bulgare et la brouette tonkinoise n’ont plus de secret. Et l’on comprend mieux dès lors la réticence de notre ami hockeyeur à l’idée de la voir partir.

 

Pourquoi tu pars reste ici j'ai tant besoin d'une amie

Visiblement, Roch ne s’est absolument pas préparé à une abstinence qui semble pourtant aussi inéluctable que prévisible . Là où l’on réalise la pureté et la profondeur de ses sentiments, c’est qu’il n’a même pas l’idée de penser que des vendeuses de beignets, il y en a encore un paquet jusqu’à la fin du mois de septembre, et des drôlement girondes, en plus. Pas certain cependant que toutes acceptent de se rouler dans le mazout.

 

Hélène things you do make me crazy bout you

Voir plus haut. (Cette Hélène a vraiment l’air de valoir le coup)

 

Pourquoi tu pars si loin de moi
Là où le vent te porte loin de mon cœur qui bat

En bon poète, Roch est persuadé qu’Hélène, pour rentrer chez elle, va se poster à un endroit bien dégagé avec ses valises, et attendre que le vent vienne la chercher pour la déposer devant sa cage d’escalier. Dans la vie réelle, les choses ne se passent pas comme ça, ce qui est dommage d’ailleurs, car avec le vent pas de problème d’attente interminable à la douane de l’aéroport. Pas de Duty free non plus, il est vrai.

 

Hélène things you do make me crazy bout you

Voir plus haut (Bon sang ! Mais cette Hélène est un véritable démon !).

 

Pourquoi tu pars reste ici reste encore juste une nuit

Visiblement, il suffit d’une petite nuit supplémentaire pour que Roch fasse définitivement le tour de la question et qu’il n’y revienne plus. Pour Hélène cette demande doit être aussi humiliante que décevante, elle s’attendait tout de même à un peu plus de classe de la part d’un hockeyeur canadien. En fait, nous supputons, car présentement la chanson ne dit pas quelle fût la réaction d’Hélène. Au lieu de cela, Roch préfère parler de lui, encore et encore,et pleurnicher complaisamment sur sont sort. Et vu que son imagination est plutôt limitée, il recommence tout au début :

 

Seul sur le sable les yeux dans l'eau
Etc, etc, etc.

 
Roch en vérité n’est qu’un bel égoïste (doublé d’une grosse feignasse).

Hélène, je t’en prie, si tu me lis, entre vite en contact avec moi pour me raconter comment tout cela s’est terminé. As-tu cédé aux impérieux désirs de cet homme sans scrupule ? Comment s’est passé le voyage de retour?As-tu pensé à acheter deux cartouches de cigarettes et un litre d’alcool fort au Duty Free de l’aéroport ?

 

Roch cherche ses yeux

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16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 18:50


 


Voilà donc, habillés comme il se doit des scintillants atours de la rigueur scientifique, les résultats du grand sondage récemment lancé ici même.

Je tiens d'ores et déjà à remercier chaleureusement les 154 personnes qui ont cru bon prendre sur leur temps de loisirs afin de cliquer sur l’une des 7 réponses proposées à la question « Qu’écoutez-vous lorsque vous écrivez ? », et j’imagine avec un effroi rétrospectif l’irréductible dilemme qui a pu parfois s’emparer d’elles lorsqu’il leur a fallu choisir entre « du trash-speed-metal » et « l’intégrale d’Annie Cordy remastérisée en 48 bits » (c’est toujours le problème lorsque l’on possède une trop grande ouverture d’esprit).

Passons si vous le voulez bien à l’analyse des réponses (si vous ne voulez pas, passons plutôt au salon, nous y serons plus tranquilles pour prendre le café).

Partant du postulat que ce qu’on écoute va de près ou de loin influencer notre travail, il est dès lors aisé de tirer quelque enseignement pratique de ce petit sondage. Nous notons de prime abord qu’une majorité, certes relative, écoute avant toute chose le silence (qui lui-même est souvent relatif, surtout lorsqu’on habite à deux pas du périphérique). Ces gens-là ont raison, ces gens-là sont indubitablement sur la bonne voie. En effet, l’idée vous serait-elle venue, jeunes garnements, de passer votre Bac de Français avec un Walkman sur les oreilles ? J’en entends déjà qui s’exclament, au nom de la sacro-sainte inspiration : « Ah oui ! Mais attention c’est pas pareil du tout, le bac de Français c’est du travail, alors que l’écriture, c’est de l’Aaaaaaaaaart » Et ils insistent bien sur le « A » de Art, histoire qu’on comprenne bien à quel point on est à côté de la plaque. Vaste plaisanterie en vérité ! L’écriture est peut-être de l’art, si ça vous chante, mais c’est avant tout un travail ! Pour lequel une concentration maximale est nécessaire. Si vous n’avez pas conscience de cela, vous vous exposez à de terribles désagréments que nous allons découvrir bientôt…

Poursuivons avec le deuxième du classement. « Vos envies », avec 27,92% de votes. Ce résultat tout a fait honorable prouve une fois de plus qu’une part non négligeable des personnes interrogées répondent la plupart du temps absolument n’importe quoi. Car effectivement, on n’écoute pas ses envies, du moins pas avec un lecteur de CD ou un iPod. Il était donc grotesque de choisir cette réponse, et je m’empresse de préciser que la sévérité de mon jugement n’est en rien altérée par le fait que c’est moi qui aie rédigé le sondage en question.

Passons vite au troisième, car je sens que mes nerfs me lâchent.

Ainsi, 13,63% des écrivains en devenir écoutent du « trash-speed-black-metal ». C’est une véritable surprise, d’autant que j’ignorais jusqu’à présent l’existence d’un tel style musical, qu’on imagine intuitivement pour le moins vigoureux et un tantinet brutal, tant dans la forme que dans le fond. Forcément, la question se pose : peut-on, en écoutant du « trash-speed-black-metal » écrire autre chose que « AAAAAAAAAAAAArrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrgggggggggggggg RRRReuuuuuuuuuhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh NNNiiiaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrg… » (si vous êtes dans ce cas de figure et que vous souhaitez répondre, n’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous. Abstenez-vous toutefois d’écouter votre musique préférée en le rédigeant).

Nous découvrons ensuite que 9,74% écoutent l’Adagio d’Albinoni. Mais il est fort possible, à l’heure où j’écris ces lignes, que le chiffre soit tombé à 4, voire à 3%. Car il est scientifiquement prouvé que l’écoute répétée de cette œuvre musicale entraîne des ouvertures compulsives de fenêtres, de veines et de robinet de gaz. Un conseil donc, réservez plutôt cette chose à la rédaction de votre testament, à condition que vous n’ayez ni trop de biens ni trop de famille : le temps vous ferait défaut et on se battrait chez le notaire pour savoir, en définitive, à qui reviennent les couverts en argent hérités en leur temps de la tante Yvette (celle qui avait de la moustache et qui sentait le café au lait).

Quelle n’a pas été ma stupeur de découvrir que 7,14% des écrivains fréquentant ce blog écoutaient NRJ, cette sympathique radio dont le seul but avoué a toujours été l’élévation des âmes de notre belle jeunesse. Voilà en vérité une nouvelle proprement incroyable et tout à fait encourageante pour l’avenir de la littérature française. Pour être honnête, je pensais qu’une seule personne aurait coché cette case : Victoria Canard. Mais c’eût été de sa part une boutade, car Victoria n’écrit pas (ou alors elle me l’a caché…) sinon des mails, sauf en ce moment, du moins pas à moi… Mais c’est une autre histoire !

A l’inverse, j’ai du mal à cacher ma déception face aux pauvres 3,24% que recueille « Mes voisins qui s’engueulent ». Pourtant quel formidable gisement fictionnel que ces prises de bec à jet continu, entrecoupées de claquement de talons hystériques sur le plancher et de vaisselles brisées sur le mur. Bon, évidemment, si le jet est vraiment continu, ça finit par énerver, et alors là, adieu l’inspiration, bonjour les idées de meurtre. Une solution que vous suggère amicalement : passez-leur, en continu et à très fort volume, l’Adagio de Machin-Chose (en ayant bien sûr pris soin de vous équiper de bouchons phoniques efficaces).

Lanterne rouge du classement, nous trouvons l’intégrale d’Annie Cordy remastérisée en 48 bits, qui recueille un piteux 2,59%. Le plus stupéfiant n’est pas tant ce chiffre ridicule qui tutoie dangereusement le score de Marie-Georges Buffet aux dernières élections présidentielles que le terrifiant constat suivant : 2 personnes sur 154, en âge de lire et écrire à peu près couramment, écoutent Annie Cordy, et qui plus est, son intégrale. Alors que, vous en conviendrez aisément, un bon « Best of » aurait largement fait l’affaire (La pétulante fantaisiste d’origine belge n’a pas produit que des chefs d’œuvres, surtout dans les années comprises entre 1978 et 1991, que les spécialistes (ceux qui font autorité, pas les autres) s’entendent pour qualifier – à juste titre – de « période noire » de l’artiste).

Je vous embrasse tous sur le front et vous dis « A bientôt ! »

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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 17:10

Que fait l’auteur en devenir pour Noël ? Profite-t-il de ce week-end allongé d’un jour chômé grâce à la naissance du petit Jésus pour se mettre à sa table de travail ? Ainsi éloigné du tumulte des réjouissances factices, s’empare-t-il de cette occasion inespérée, alors que les voisins du dessus, ivres morts, déambulent autour de la table du salon sur le rythme hypnotisant de la «  danse des canards », pour s’atteler à son grand œuvre, (ou du moins aux premières pages) celui qui lui permettra, enfin, de dénicher un éditeur digne de ce nom ?
Pas du tout. En période de fêtes l’auteur en devenir se comporte comme le dernier des consommateurs décérébrés venu : il réveillonne. Loin de la mesure élégante et un rien empesée que l’amour de la littérature lui confère en temps normal, il se sert une coupe de champagne dès son arrivée sur les lieux, puis deux, puis trois, et lorsque la bouteille est vide il se récure le gosier au pastis sans glaçon avant que d’attaquer le foie gras avec de vrais morceaux dedans tout en entonnant un florilège des chansons paillardes promptes à épouvanter le marquis de Sade en personne.
Il faut bien reconnaître qu’un comportement aussi révulsant étonne et déçoit de la part de quelqu’un qui, à jeun, ambitionne les plus hautes destinées éditoriales. Et permettez-moi de vous dire, jeunes amis décadents, que ce n’est pas en vous vautrant dans le stupre et la débauche que vous aurez une chance d’être édité un jour.
Cependant…
Cependant, n’existe-il pas, au cours de cette soirée marquée par le sceau infâmant de la déchéance intellectuelle, une minuscule oasis de sensibilité littéraire surnageant miraculeusement sur l’océan de médiocrité qui semble engloutir chaque convive ? (Même Jacques, le beau-frère, d’ordinaire si pincé, propose en hoquetant un « concours de tee-shirt mouillé » et menace de se jeter par la fenêtre si mamie Ghislaine ne participe pas.) ?
Oh ! Dites-le moi, je vous en prie !

Oui, ce moment existe (je vois qu’il faut tout faire soi-même), et se situe avec précision juste après la bûche glacée, dégoulinant cauchemar de diabétique parsemé de grotesques figurines en plastique figées dans une torpeur imbécile et censées représenter une cohorte de lutins en plein labeur.
C’est le moment des cadeaux, et c’est là où précisément l’auteur en devenir va pouvoir enfin donner tout e sa mesure (et tenter au passage de se laver tant bien que mal des turpitudes de début de soirée). Passons sur la gaine en polytunxstène de carbone de mamie Ghislaine, le GPS de Jacques qui depuis 25 ans fait tous les matins le même trajet Villetaneuse – Drancy, passons également sur le DVD « Comment aborder le tournant de la ménopause » que Jacques offre à Pauline, ce qui vaut à notre ami une retentissante paire de claques.
Oui, passons sur tout cela et concentrons-nous sur l’auteur en devenir.
Qu’offre-t-il ?
Des livres. Mais pas n’importe quel livre : des livres qu’il a écrits avec ses doigts, et fait publier à grands frais par l’un des nombreux éditeurs-charlatan qui pullulent sur le net.
Notre auteur, sûr de son fait, n’a pas fait les choses à moitié : chaque convive a droit à son exemplaire, avec une dédicace personnalisée (Pour Jacques, par exemple, nous avons :« A mon beau-frère, ma source d’inspiration principale pour le barman irrascible qui apparaît furtivement à la page 52 »).
Bien sûr, l’assistance qui a un peu de mal à réaliser toute la portée d’un tel présent, se regarde quelques minutes en chien de faïence tandis que mamie Ghislaine soupèse l’objet en se demandant s’il ne fera pas trop de bruit en tombant dans le vide-ordures collectif de son immeuble. Oui, les voisins sont très soupe au lait, et elle a déjà eu des problèmes avec des bouteilles en verre jetées après 20 heures).
Bien sûr, tout cela est bien embarrassant… Il faut dire qu’on a déjà eu du mal à finir le dernier Paulo Coehlo, alors on va tout de même pas se farcir le bouquin de ce prétentieux rien que pour lui faire plaisir…Les regards s’évitent, l’atmosphère s’épaissit…
Heureusement, Pauline, fine psychologue brisera ce moment de marasme intense en décrétant qu’ « il fait soif » et débouchera aussi sec une nouvelle bouteille de champagne. Dans la fouléee on allumera la télé histoire de voir comment les autres s’amusent, puis on s’assoupira gentiment dans le canapé en émettant des bruits de chaudière mal réglée.

 

Au petit matin, on aura bien sûr oublié le livre.

 

Définitivement.

 

 

 
Bonnes fêtes à tous, quand même…

 

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11 décembre 2007 2 11 /12 /décembre /2007 19:54

Fureter sur le net présente un indéniable intérêt : on y apprend des choses folles. Par exemple, je viens de découvrir que pour devenir un auteur à succès, le talent d’écriture (et une certaine chance) ne suffisait pas. Que dis-je ? C’est même tout à fait superflu.
Non, le plus important, c’est d’obtenir un « diplôme en rédaction » moyennant la réussite à certains examens (qu’on imagine redoutable) et accessoirement la modique somme de 689 euros (payable en 12 fois – on a les soucis des petits budgets). Au risque d’en décevoir plus d’un (qui commençaient à tailler leurs crayons en vue de les passer au plus vite, ces fameux examens) je ne fournirai pas l’adresse du site qui se propose de vous ouvrir les portes du paradis à si bon compte, si l’on peut dire. Loin de moi l’idée de vous priver d’un tel bonheur, mais je n’ai aucune envie qu’une meute d’avocats aux dents aiguisées comme des lames de guillotine ne me tombent dessus sous le fallacieux prétexte que, par quelques pernicieuses remarques habilement disséminées au gré de ma prose, j’aurais attenté à l’intégrité morale du fameux site, par ailleurs en tout point remarquable.
Sachez toutefois qu’il suffit de taper dans un célèbre moteur de recherche les mots « Comment devenir un brillant écrivain » (eh oui ! Le monde est petit) pour que la fameuse chose apparaisse dans toute sa splendeur, à la seule position qui lui revient de droit : la première.
Mais entrons plutôt dans le vif du sujet : que nous propose ce site ? Un cours de rédaction, astucieusement divisé en quatre modules visiblement plus excitants les uns que les autres (pour vous donner une idée, le premier module se nomme « introduction »). Mais ce n’est pas tout ! Au cours des cours (oui, je sais, l’expression est un peu lourde, mais je n’ai pas encore eu le temps de m’inscrire) l’heureux abonné recevra de merveilleux cadeaux, dont le plus frappant reste sans doute « le cartable rigide pour vos leçons » qui doit vraisemblablement représenter 90% du prix demandé à l’auteur avide de succès.
Poursuivons notre voyage au pays des écrivains riches et célèbres grâce à un diplôme et allons batifoler gaiement du côté du « Mot de la directrice ».
D’entrée de jeu, notre amie pose la seule question qui mérite d’être posée : « Vous êtes-vous déjà demandé s'il vous était possible de gagner de l’argent avec votre stylo ? » Fichtre, voilà un questionnement direct et franc du collier qui amène à réfléchir. Voyons, je me souviens de la fois où, installé sur un trottoir passant de la ville de Vierzon, j’ai tenté, un peu à la manière des charmeurs de serpents, de faire onduler mon stylo au son de ma flûte à six trous, dans le but plus ou moins avoué de récolter quelques piécettes afin de me rincer le gosier au troquet du coin. Résultat : je suis resté désespérément à jeun, et ai terminé ma soirée au poste en compagnie de personnes qui ne l’étaient guère. Donc, oui, j’ai déjà essayé, mais je ne suis pas sûr de vouloir recommencer. Mais aussitôt la directrice de me rassurer : « Pas besoin d'être exceptionnellement doué, intelligent ou de connaître sa langue à fond. » Voilà une excellente nouvelle ! Je me reconnais pour ma part totalement dans ce portrait-robot, et je suis bien certain de ne pas être le seul (n’est-ce pas ?).
Le cœur léger, je m’en vais à présent faire un tour du côté des « commentaires des étudiants », ces gens donc, qui en échange d’une minuscule poignée d’euros, sont devenus du jour au lendemain des auteurs à succès. Et là c’est une véritable ribambelle de winners qui défilent sous nos yeux ébahis. Tenez, il y a par exemple Christel Benoît (comment ? vous ne connaissez pas Christel Benoît ? Votre mauvaise fois me révulse !) qui nous compte dans un style luxuriant l’orgasme qui l’a traversée de la tête au pied lorsqu’elle a appris que le magazine (tenez-vous bien) « Filles d’aujourd’hui » allait publier –dans un délai qui reste incertain – son récit « Ma chasse aux souvenirs ».
Bon, il y en a une pleine page dans le même genre, que des auteurs célèbres qui se perdent en congratulations pour cette mirifique école du succès. Tenez, encore une : Célestine Turcotte (il faut absolument jeter un œil sur la photo) : « Mon objectif a été atteint. J'ai publié comme pigiste pour une revue.» Il est clair que cette école vous aide à concrétiser vos rêves les plus fous.
Précisons que vous avez le droit, pour le même prix, à un suivi personnalisé dispensé par des tuteurs qui vous soutiennent et vous conseillent dans vos efforts. Mais qui sont ces professeurs détennant le fabuleux pouvoir de créer des auteurs à succès ? On imagine évidemment des stars internationales de l’écriture comme, je ne sais pas moi, Guillaume Musso, ou Marc Lévy, pas moins. Bon, disons-le franchement : au premier coup d’œil, la liste des stars internationales laisse un peu perplexe. Lorsqu’on clique sur la bio de chacun d’eux, on apprend par exemple que Sylvie Vézina a écrit « huit titres d'une collection abordant les problèmes de santé de façon naturelle, en plus de trois livres de recettes. »
Oui, bon, très bien…
On découvre par ailleurs que Claire Lang a gagné « le concours de nouvelles du Village du Livre de Fontenoy-la-Joûte en 2001 ».
Oui, pas mal….
On note encore que Chantal Haupt « s'intéresse à de nombreux secteurs intellectuels : elle est auteure de poèmes, de nouvelles et de romans (par exemple Le Pouvoir des eaux, ou les Tulipes d’Istanbul, parus en France »)
Le pouvoir des eaux... C’est en effet assez bluffant.
Quant à Pierre Baril, c’est le « big boss multimédia » de la boîte , qu’on en juge : « Depuis plus de 30 ans, Pierre fait carrière dans le monde journalistique et de l'écriture. Critique d'Art au journal Le Nouvelliste, réalisateur à la télévision au Québec et à Radio-Canada international, son conte pour tous, Camille, l'enfant à l'arbre a été salué par la critique. »
Je ne sais pas pour vous, mais moi, à ce moment précis, j’ai sorti mon carnet de chèques. (Précisons toutefois qu’une recherche minutieuse sur le net aboutit bien à un Pierre Baril, artiste peintre de son état... Quant au fameuxconte salué par la critique, impossible d'y trouver la moindre allusion. Ce qui prouve quoi ? Ce qui prouve tout simplement que les tuteurs de cette sympathique école sont dotés d’une modestie qui force littéralement le respect. Prenez-en un peu de la graine , bande de petits prétentieux !)
 

Très bien… Je suppose à présent que vous savez précisément ce qu’il vous reste à faire… 

(Soyez gentil : j’aimerai tellement qu’un auteur à succès, ne serait qu’un, je ne suis pas difficile, fréquente enfin ce blog.)

hugo.jpg






















Si j'aurais su, je m'aurais pas cassé la nénétte et je m'aurais inscrit.

 

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12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 22:33

C’est une question qui se pose souvent aux auteurs confirmés : pourquoi écrivez-vous ? (À Marc Lévy on demande plutôt : mais pourquoi continuez-vous à écrire ?). Quoi qu'il en soit, la réponse est généralement entachée d’une certaine coquetterie, car il est toujours plus simple de prendre la pose une fois que l’on est plus ou moins reconnu. De fait, l’exercice s’avère parfois un peu vain et empesé.
Mais qu’en est-il avec les auteurs en devenir ? Ceux qui, contre vents et marées (ou « vent » = « lettre de refus » et « marée » = « lassitude plus ou moins avouée de leur entourage) continuent à noircir, soir après soir, dans leur petite chambrée éclairée d’une modeste bougie, des pages et des pages d’une petite écriture fine et appliquée ? (Ca marche aussi avec un loft, des halogènes et un PC dernier cri).
Quelles sont leurs motivations profondes ? Leurs rêves ? Leurs espoirs ?
Il y a quelques années, le journal « Libération » avait posé la question fatidique à plusieurs centaines d’écrivains de par le monde. Aujourd’hui, « Comment écrire un roman »est fier de reprendre le flambeau là ou le célèbre journal néo-libéral l’avait laissé, mais pour cette fois s’intéresser à la partie immergée de l’iceberg littéraire (là où il fait très froid et très humide) : les auteurs en devenir.
Si vous possédez la moindre idée sur la question, n’hésitez pas à déposer un commentaire.


cromagnon-copie-1.jpg















La question, sous son apparence anodine, peut toutefois
susciter la polémique.

 

 
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19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 10:41
Vous n'aimez rien tant qu'une longue balade dans les bois au milieu des arbres feuillus. En chemin, vous ne manquez pas de saluez vos amis les écureuils, petits hôtes espiègles et roux de la grande forêt mystérieuse. Votre coeur bat la chamade lorsque, au loin,  retentit le chant du coucou qui rebondit de brin d'herbe en chapeau de champignon pour enfin épouser le pavillon velouté de votre oreille délicatement ourlée.
Vous êtes une personne sensible, et vous vous comportez comme un véritable éponge face au malheur du monde (vous avez définitivement renoncé à la lecture des pages "faits divers" du Parisien une veille de week-end).
Sentimentalement, vous idéalisez l'être aimé au delà de toute limite, d'autant plus aisément que vous vivez seul et que votre dernière relation sérieuse remonte au CM2 Bref, votre personnalité à fleur de peau, votre passion du beau et votre quête de l'amour impossible font de vous un être à part, un écorché vif, une petite boule d'émotion concentrée prête à exploser à tout moment. Toutefois, vous sentez un grand vide dans votre existence, une sorte de langueur monotone que vous ne sauriez définir, un besoin d'expression qui vous taraude jusqu'au fond de vos draps, le soir, lorsque la lune caresse de sa douce lumière les contours de votre chambre.
Un jour, la providence vous mène jusqu'à une librairie. Le destin prend ensuite le relais et vous mène jusqu'à un livre dont la couverture aimante immédiatement vos yeux. Il s'agit "D'amour et de mots", du grand poète/chanteur de variétés Francis Lalanne. Vous ouvrez le volume et commencez à lire les première lignes. Là, les poils de vos bras se dressent comme un seul homme :c'est la révélation ! Vous aussi allez écrire de la poésie !
Votre plan est simple : à l'aide d'un dictionnaire de rime, vous vous mettez aussitôt au travail. Les thèmes ne manquent pas : l'amour, la vie, les écureuils, tout les sujets sont bons pour versifier et libérer enfin au grand jour les sentiments qui vous habitent. Et puis l'avantage avec les poèmes, c'est que quelques lignes suffisent pour remplir une page. En un mois, et à l'aide d'une police Tahoma corps 14 en gras, vous possédez déjà assez de matière pour remplir un volume. Vous intitulez l'ouvrage : "Amour rimera toujours avec toujours", le dédiez à Sylvie Tassereau, que vous nommez pudiquement Sylvie T, et sûr de votre coup, vous l'envoyez à toutes les plus prestigieuses maisons d'éditions de France.
Bienvenue dans le cercle des poètes maudits. Car la seule réponse que vous ne recevrez jamais est "votre ouvrage n'entre pas dans le cadre de nos collections". Et encore, il est fort à parier que vous ne recevrez rien, absolument rien. J'entends d'ici vos récriminations de poète blessé jusqu'au sang dans son hypersensibilité à fleur de peau : "Oui, mais... Et Francis Lalanne, alors ? Il vend, lui !"
Ce à quoi je vous répondrai que Francis Lalanne (comme Dominique de Villepin) fait partie de la catégorie extrêmement rare des poètes qui passent à la télévision à des heures de relativement grande écoute. Dès lors il a beau jeu de prendre la pause, d'adopter son regard de cocker enrhumé et de débiter sur un ton enfiévré, dès que l'occasion se présente, des chapelets d'âneries que le téléspectateur semi anesthésié prendra à tort pour de la poésie. 
Difficile dès lors de soutenir la comparaison avec une telle bête de somme de la création artistique, vous en conviendrez.
Toutefois, ami poète, il vous reste une solution : l'Internet. Avec les conseils prodigués ici-même, ce serait bien étonnant de ne pas attirer 3 ou 400 pékins bon an mal an sur un quelconque blog présentant vos bouts rimés,  joliment agrémentés de coeurs en gif animés et de photos d'écureuils espiègles.  En somme, plus de lecteurs potentiels que ne vous aurait apporté une édition en papier, et tout cela sans bourse délier, tout en préservant les arbres de la forêt. Forêt dans laquelle vous pourrez ainsi continuer à vous promener, en quête de cui-cui d'oiseaux et d'inspiration.
 
 
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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 00:49
Une lectrice de ce blog, que nous appellerons Rose dans la mesure où elle ne s'appelle pas du tout comme ça, m'a appris aujourd'hui que son roman venait d'être accepté par un éditeur. O bonheur ! O Joie ! Toutefois, avant de déboucher une bouteille du meilleur mousseux et ouvrir une nouvelle boîte de petits Lu pour fêter l'événement, méfiante, elle m'a envoyé le dit contrat afin que j'y jette un oeil. Si vous avez lu le titre de l'article, vous avez déjà compris,  malin lecteur, que ce faisant elle a eu parfaitement raison.
Avec la permission de Rose, je publie ci-dessous le mail de l'éditeur en question, avec quelques commentaires de mon cru signalés en italiques. Pour des raisons évidentes de tranquillité, les noms des personnes et des sociétés ont été remplacées par des X.
 
 
Bonjour Madame Fruchard, (inutile de chercher Rose Fruchard dans l'annuaire)
 
Je reviens donc vers vous pour vous faire les commentaires de votre livre. ("Chouette, vous dites-vous  immédiatement, des commentaires de la part d'un éditeur : quelle aubaine !" Si vous appartenez au sexe féminin, vous êtes déjà à deux doigts de le demander en mariage).
 Votre histoire nous a beaucoup intéressé ? ( le point d'interrogation figurait dans le mail. Une coquille ?  En tout cas, il interroge).
C'est un récit très porteur en ce moment. (Aaaaah ! Ca, ça fait rudement plaisir ! Mais que signifie, au juste, un "récit porteur" ? On n'en saura pas plus.)
De plus je vis un  peu les mêmes choses. (On notera l'habileté du monsieur : il vit (un peu) la même chose, on ne peut que se sentir proche de lui)
 (C'est un sujet qui me passionne vous comprendrez donc que je ne vous laisserait (notez bien la grosse faute de conjugaison, elle prendra tout son sel quelques lignes plus bas) pas sans vous faire de proposition). (Oui, on comprend bien : un sujet passionnant ET porteur, c'est pas si courant)
Il est clair que votre livre nous intéresse mais et oui il y a un mais. (Là c'est la douche écossaise : comment ça, un « mais » ? Vous qui commenciez à être persuadé d’avoir écrit le prochain Goncourt, pas moins, c’est un peu rude. Vous continuez fébrilement votre lecture en vous rongeant les ongles)
En effet nous pensons que votre style est très correct (Un style "correct"...  Il veut dire : comme celui de Marc Lévy ?) mais  il y a quand même pas mal de maladresses d'expression, vous avez des fautes de conjugaison, des fautes de concordance de temps et pas ma de fautes d'orthographe. (Et c'est là que vous vous dites que, tout de même, vous auriez dû vous relire, et que lui aussi par la même occasion (voir plus haut, et plus bas aussi))
Cela dit ce n'est pas grave car nous traitons les corrections avec vous. (Quel gentil éditeur ! Tout n'est donc pas perdu ?Devant tant de sollicitude et de dévouement, des larmes de joie roulent sur vos bonnes grosse joues rebondies)
Il reste donc un gros travail à faire.(Bon, d'accord, mais vous êtes prêt à relever le défi. Vous n'avez pas tapé 300 pages de prose pour vous laisser embêter par de vulgaires fautes d'orthographe).
 
Cela étant nous sommes près (encore une belle faute, soit dit en passant) à vous éditer. (là, vous levez les bras en l'air et vous criez "Youpi !" (si vous êtes démonstratif))

Dans la mesure où vous acceptez les conditions ci-dessous voici ce que nous vous proposons. (Oui oui oui ! Vous êtes prêt à accepter toutes les conditions du monde, car vous allez enfin, être PUBLIE !)

La partie suivante n'est plus dans la même police de caractère. En fait, ce qu'on vient de lire représente la partie "personnalisée" (Heureusement d'ailleurs : imaginez que le monsieur écrive "je vis un peu les même choses" alors que votre roman raconte les tribulations d'une horde de rat dans les égouts de Paris. Ca ne ferait pas sérieux)
 
notre travail se déroule en deux parties bien distinctes.("Très bien, vous dites-vous, deux parties : voilà qui est professionnel)
La partie Pré-presse et la partie Édition pure avec mes frères éditeur également XXX Editions. Nous nous partageons le travail à faire, je traite la partie pré-presse (correction mise en page et création)  et mes frères éditent fabriquent et diffusent.
(une affaire familiale, c'est presque attendrissant).
 
Pour la partie Pré-presse : notre prestation intègre :
 - La reprise complète de votre manuscrit.
- Les corrections grammaticales (ça doit être joli !)
- Les corrections orthographiques (idem)
- Les corrections typographiques. (C'est à dire : dans Word, faire "sélectionner tout" puis mettre en police Times New Roman, corps 12. En somme, un vrai travail de spécialiste).
- Le remaniement éventuel des textes et des paragraphes (tout ceci avec notre service corrections en directe avec vous)
- La suppression des répétitions
- La définition du prix de vente du livre avec vous.
- La création de la couverture avec insertion du code barre pour la vente,
- La création d'un «pitch» de quatrième de couverture de façon à ce que le livre soit accrocheur pour sa mise en ligne, (les futurs acheteurs doivent «accrocher» dessus).
- La mise en page et l'imposition de votre livre pour impression.
- La soumission de notre épreuve pour corrections et commentaires de votre part.
- La finalisation de la mise en page et validation de votre part.

Total de la prestation : 1400 Euros
 
Là, évidemment, vous avez le souffle coupé. Vous remarquerez cependant qu'il n'a pas compté dans le devis la numérotation des pages. Ca c'est cadeau de la maison, cadeau du patron. Enfin, bon, oui... 1400 euros, quand même... Oui, d'accord, mais vous allez être PUBLIE ! (youpi !) Vous continuez donc votre lecture, le coeur en fête malgré tout.
 


Deuxième partie : l'édition
- Cette prestation comprend :

- La fabrication de 1000 livres,  en première déclaration  (Fichtre, diantre !  1000 livres ! Et vous vous demandez déjà où vous allez bien pouvoir stocker tout ça. C'est que vous avez fait vos comptes, et que sorti de vos 10 amis et de votre tante Georgette, ça va pas être si facile que ça de le refourguer, votre chef d'oeuvre !)(tirages complémentaires sans aucun frais pour vous) (Ah ben ça c'est drôlement gentil mais bon (voir au dessus))
un nombre de livres correspondant au 800 euros vous sera remis dès la sortie pour vous rembourser ces fonds.
Ces livres, vous les vendez ou vous les donnez cela ne nous regarde pas ( ou vous en faites des cocottes en papier, on s'en fout, on vous dit !) et vous encaissez toutes les sommes perçues - Nous vous invitons cependant à les vendre.
(au cas où la possibilité ne vous aurait pas effleuré l'esprit).
- De notre côté, nous alimentons les Fnacs, Virgin, Electre (pour info : electre est une base bibliogrpahique, et ne vend en aucun cas de livres), Dilicom, G-DIL, Tite live, A la page et bien d'autres points de ventes (Au total environ 800 points de ventes dans les bacs) . nous gardons quelques exemplaires pour présentation dans les salons du livre que nous faisons (dans le meilleur des cas, quelques foire à la saucisse de sous-préfecture), ainsi que dans les grandes surfaces telles que : Auchan et Leclerc dans lesquels nous sommes référencés (Là, c'est carrément énorme, lorsqu'on connaît la politique de référencement de ces grandes surfaces). Nous alimentons également tous ces points de vente au fur et à mesure de leurs demandes et ce, pendant trois ans (contrat d'édition renouvelable tous les trois ans par tacite reconduction).
Chaque vente de livre vous rapporte 10 % de droits d'auteur. Le reste de la somme devant être redistribuée essentiellement aux distributeurs qui prennent 68 % ainsi que pour la fabrication du livre. (les distributeurs prennent un peu moins de 50% en réalité)
Le livre est également intégré automatiquement dans notre boutique en ligne XXX.com.(minimum 8 à 10000 visites par mois.)
En plus des points de vente français, nous diffusons également en Belgique, au Canada
Si vous désirez vendre votre livre de votre côté, vous nous rachetez les livres à 50 % du prix de vente et tout ce qui est vendu est à vous.

Total de la prestation : 790.00 Euros.

 
Et un total général de 2 190 euros ! Ce qui revient tout de même très très cher. Car, bien sûr, vous ne vendrez jamais vos 1000 livres, qui vous resteront sur les bras. Aucun des fameux "800 points de vente dans les bacs" ne commandera un seul exemplaire, et vous ne toucherez jamais de droits d'auteur.

Alors un bon conseil : si vous tenez vraiment à tenir entre vos mains un exemplaire imprimé de votre roman, si vous voulez en offrir quelques uns, voire en vendre une poignée pour les plus téméraires, allez donc voir un imprimeur et demandez-lui un devis pour une centaine d’impressions. Ca sera beaucoup plus accessible que les offres des marchands de rêves qui traînent sur internet. (Et pour me remercier, vous m’enverrez la différence).
 
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8 juin 2006 4 08 /06 /juin /2006 10:25

 Vous avez envoyé votre manuscrit à plusieurs maisons d’édition et depuis, tous les matins, vous guettez fébrilement la venue du facteur. Voici quelques informations qui vont sans doute calmer vos ardeurs et vous permettre, enfin, d’envisager la vie sous un autre angle (Et pourquoi ne pas s’inscrire à un stage de macramé ?)

Allia reçoit environ 1.800 textes par an.
7.000 textes arrivent par la poste chez Albin Michel.
Les éditions Grasset reçoivent quelque 4.000 manuscrits par an.
Anne Carrière 5.000. (Source AFP).

 

Quelques déclarations d’éditeurs, certaines encourageantes, d’autres moins…

 "N'importe qui raconte sa vie, ses petites histoires. Mais plus de 90% de ce qu'on reçoit n'est publiable par personne. Simplement parce que c'est mauvais. On peut penser que c'est complètement ahurissant de lire 1.800 manuscrits. Mais du point de vue de la rentabilité, si j'en retiens deux ou trois qui font 3.000 où 5.000 exemplaires, le jeu en vaut la chandelle" Gérard Berréby, des éditions Allia.

"On n'a pas besoin de manger tout le boeuf pour savoir si la viande est bonne, il suffit parfois de lire quatre ou cinq pages pour savoir si c'est publiable".
Francis Esménard, Albin Michel.

 

 

"Le public a le sentiment qu'on cherche tous les prétextes pour ne pas publier. Au contraire, on cherche désespérément le talent. Dès qu'il y a l'ombre de quelque chose qui ressemble si peu que ce soit à un talent, on se précipite dessus". Olivier Nora, Editions Grasset

Il faut savoir que un à deux manuscrits seulement sur 1.000 arrivés par courrier seront effectivement publiés. Le premier tri se fait en quelques minutes.

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28 février 2006 2 28 /02 /février /2006 13:14

C’est donc décidé, vous allez écrire un roman. Nous supposons (peut-être à tort) que cette décision résulte d’une réflexion poussée et longuement mûrie découlant elle-même d’une évolution dans votre pratique de la création littéraire qui vous semble naturelle et tout à fait légitime. Concrètement, vous avez déjà écrit un certain nombre de nouvelles de longueurs variables qui ont fait le ravissement plus ou moins sincère de votre entourage.

 Vous n’êtes donc plus tout à fait un débutant.

 Mais vous n’êtes pas sans ignorer qu’en France, la nouvelle publiée est en majeure partie réservée aux écrivains confirmés (à l’exception- qui confirme donc la règle - d’Anna Gavalda qui a débuté avec ça). La nouvelle n’intéresse personne, c’est sans doute injuste, mais c’est comme ça. La nouvelle, ça fait pas très sérieux, dans la mesure où quiconque possédant un minimum de maîtrise de la langue peut en écrire une, voire plusieurs, en un week-end. Ce constat en appelle un autre : jamais la nouvelle ne fera de vous un écrivain au yeux du monde. Car aujourd’hui, en France, tout le monde écrit, tout le monde est écrivain. Pour se démarquer un tant soit peu, il est donc nécessaire de passer à quelque chose de plus sérieux : le roman.C’est sans une des raisons qui vous a poussé à vous lancer dans cette magnifique aventure. Autant le dire tout de suite : si c’est la seule, ce ne sera pas suffisant. Car si pour la nouvelle, un simple « alibi » suffit pour pondre 3,4 feuillets, il n’en va pas de même avec le roman. Pour tenir la distance des 150 pages (strict minimum) il faut tout de même avoir des choses à dire, et autant que faire ce peut, les dire bien. Aussi est-il fortement conseillé de se méfier de l’inspiration qui dans l’imaginaire commun, suffirait à elle seule à fournir la matière première de toute bonne histoire.

 Pourquoi est-ce insuffisant ? Tout simplement parce que l’inspiration, ça ne veut rien dire, et l’image d’Épinal qui nous montre l’écrivain noircissant au milieu de la nuit des pages et des pages sans discontinuer n’existe pas dans la réalité. Oubliez donc l’inspiration et munissez vous de solides « biscuits » (histoire détaillés, plan, définition des personnages) qui vous permettrons de mener à bien votre tâche. Munissez-vous également de patience et d’acharnement, sans quoi votre beau projet risque de capoter au premier chapitre (il sera toutefois possible de le recycler en nouvelle).

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20 février 2006 1 20 /02 /février /2006 16:47

Pour avoir une idée, il est totalement improductif de s’asseoir en attendant qu’elle daigne apparaître. Ca ne marche jamais, et c’est très énervant. Les idées sont rebelles, on ne les commande pas.
Aussi arrivent-elles toujours au moment le moins opportun. Il faut le savoir et se préparer à cette fatalité. Deux exemples très répandus : vous êtes sur le point de vous endormir, vos pensées s’entremêlent dans une douce confusion propice à l’émergence de la création : une idée survient, inattendue et volatile. Si vous avez pris soin de déposer un calepin sur votre table de chevet, cette idée est à vous. Dans la cas contraire, vous pouvez lui dire adieu : plus jamais elle ne vous fera l’honneur de sa visite. Il en va de même dans les transports en commun ou tout autre endroit totalement inadapté à la prise de note. Pourquoi les idées ressemblent-elles dans leur comportement à des enfants capricieux ? Nous n’en n’avons pas la moindre idée, et ce n’est d’ailleurs pas le sujet de ce petit opuscule. Mais nous savons une chose : le moment venu, mieux vaut avoir dans sa poche intérieure le fameux petit calepin accompagné de son petit stylo. Les idées qui émergent ainsi peuvent être de plusieurs sortes : idées d’histoire, de rebondissement, de dialogue, de personnage. Inutile de faire le tri, il faut tout noter, cela peut servir un jour sans qu’on le sache encore. Tout au plus est-il conseillé d’installer une signalétique simple afin que l’on puisse se retrouver dans cet amalgame sans queue ni tête (Un « P » pour personnage, un « D » pour dialogue, etc.)
Ce faisant, au fil du temps, vous avez rassemblé une grande quantité d’idées qui une fois triées, classifiées et ordonnancées, fournissent un semblant de piste pour une éventuelle histoire.
C’est-à-dire la rencontre mouvementée entre un / des personnages et des événements. Une histoire, c’est avant tout ce que l’on fuit dans la vie réelle, des ennuis, des complications, des problèmes, des trahisons, des mésententes, des dangers de toutes sortes. Et pour que toutes ces tracasseries donnent le meilleur d’elles-mêmes, il faut les confronter à un personnage qui les mette pleinement en valeurs. Prenons un exemple. Un boxeur qui s’apprête à monter sur le ring pour combattre un adversaire particulièrement redoutable, quoi de plus normal et par la même de plus désespérément banal ? Remplaçons à présent le boxeur par un expert comptable. La situation prend aussitôt un autre intérêt.
Vous nous direz que cette situation est absurde et de ce fait irrésoluble Nous nous empresserons de vous répondre : non. Dans la fiction, rien, absolument rien n’est irrésoluble. C’est une loi infaillible. Pour la simple raison que, au contraire de la vie réelle, c’est vous qui décidez de tout. Bien sûr, les solutions trouvées pour résoudre l’irrésoluble sont plus ou moins élégantes. C’est, entre autre, dans cette épreuve que l’on reconnaîtra le bon écrivain: savoir faire et élégance avant tout.

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